Conduire un camion à 17 ou 18 ans

(Québec) Les jeunes de 17 ou 18 ans pourraient bientôt avoir le droit de conduire des véhicules lourds sur les routes du Québec. Un projet-pilote de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) est actuellement en marche.

Les différents lobbys de camionnage réclamaient une nouvelle loi pour abaisser l’âge minimal d’obtention du permis de classe 1 permettant la conduite d’un véhicule lourd; ils ont plutôt obtenu un arrêté ministériel de quatre ans.

Grâce à cette permission obtenue du ministère du Développement économique sous l’ère du libéral Sam Hamad, de 2011 à 2014, 40 jeunes camionneurs de 17 et 18 ans participeront à un projet-pilote de la SAAQ, soit le programme enrichi de conduite d’un véhicule lourd. Ces jeunes suivront une formation régulière de 615 heures dans l’une des deux écoles publiques du ministère de l’Éducation, en plus d’être parrainés par une entreprise. Chaque jeune conducteur sera encadré et formé à être un véritable camionneur avant l’âge légal de posséder un permis de conduire un véhicule lourd, le permis de classe 1.

L’objectif? «Donner une opportunité aux jeunes d’avoir un accès plus rapide au marché du travail sans mettre à mal la sécurité routière», explique Pierre-Olivier Sénéchal, porte-parole à la SAAQ.

Pour contrer la pénurie

L’industrie faisait pression sur le gouvernement pour des questions de recrutement. Le principal problème de la loi en vigueur, selon les lobbys du camionnage, est qu’il est difficile de recruter les jeunes à leur sortie du secondaire.

Au Québec, pour obtenir un permis de classe 1, une classe professionnelle, il faut d’abord obtenir un permis régulier de classe 5.

Et pour obtenir un permis de classe 5, le processus démarre à 16 ans. Même un jeune qui obtient son permis temporaire le jour de son 16e anniversaire ne peut obtenir son permis de classe 5 avant 19 ans, après une année de permis temporaire et 24 mois de permis probatoire, soit trois ans.

Comme la plupart des jeunes sortent du secondaire à l’âge de 17 ans, il devient difficile pour les entreprises de promettre un emploi dès la sortie du centre de formation professionnelle à 18 ans. «Il fallait pratiquement leur demander de se trouver une jobine pendant un an», déplore Jean Drolet, directeur des ressources humaines chez Groupe Robert.

Si le projet-pilote devait fonctionner, ce serait une petite révolution qui pourrait, en partie, régler le problème de la pénurie de main-d’oeuvre dans ce secteur d’activité.

Au Groupe Robert, qui parraine 6 des 40 jeunes du projet-pilote, la direction espère la reconduction du projet-pilote et voire des mesures permanentes. «Pour nous, c’est important que ce programme puisse exister. C’est à cet âge-là que le jeune va s’impliquer dans le camionnage», explique Jean Drolet.

Et la sécurité routière dans tout ça? «Il n’y a pas de corrélation, je n’ai pas plus d’accidents chez les jeunes que chez les plus vieux», assure M. Drolet.

Le projet-pilote pourrait être reconduit. À la fin de la présente mouture en 2014, un rapport et des recommandations seront formulés par la SAAQ.

20 000 $ pour former un camionneur

Former un seul camionneur dans un centre de formation professionnelle du ministère de l’Éducation coûte 20 000 $ par tête. La formation, d’une durée de 615 heures, est donnée à deux endroits au Québec, au Centre de formation en transport de Charlesbourg et à Saint-Jérôme.

À l’instar des entreprises de transport, le Ministère doit investir d’importantes sommes dans ses programmes et ses infrastructures. L’élève, lui, ne paie que les frais administratifs reliés à son inscription.

Une semi-remorque, à elle seule, coûte autour de 100 000 $, et ce, sans considérer le type de remorque. D’où l’intérêt pour les centres de formation de conserver leurs élèves. À Charlesbourg, le taux d’abandon tourne autour de 4 %, fait savoir André Carrier, directeur adjoint.

Pour une école ou une entreprise, se lancer dans le transport signifie des colonnes de dépenses bien garnies. Exploiter une semi-remorque de 53 pieds coûte entre 75 et 85 $ l’heure, incluant le carburant, le salaire du chauffeur et le coût de l’équipement.

Des emplois à profusion

Les emplois ne manquent pas pour quiconque désire travailler dans le secteur du transport de marchandises. Jean Drolet, directeur des ressources humaines au Groupe Robert, ne refusera jamais un camionneur compétent. «Depuis juin 2010, on a eu à recruter. Il y a des semaines où on aurait eu 60 chauffeurs de plus et on aurait eu du travail pour eux.» Positif pour les travailleurs certes, mais difficile à gérer pour les entreprises.

Selon M. Drolet, il incombe à l’industrie de faire des efforts pour rendre le travail de camionneur plus attrayant. M. Drolet croit qu’il est tout à fait possible de faire une belle vie en camionnage. Il estime le salaire moyen à 20 $ l’heure, et ajoute que les conditions de travail varient selon les besoins. Certains travailleurs préféreront des semaines de 70 heures consécutives pour faire de l’argent plus rapidement, alors que d’autres choisiront des horaires de 9h à 17h. «Il y en a pour tous les goûts.»

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